Deux articles (article 1 et article 2) du New England Journal of Medicine du 29 janvier 2004 font le point sur le traitement substitutif par la testostérone de l’hypogonadisme de l’homme âgé et en rappellent les risques.
Les auteurs, après avoir rappelé les signes et les symptômes de la déficience en testostérone de l’homme âgé et les différentes présentations de testostérone disponibles aux USA, envisagent les risques du traitement substitutif par la testostérone que nous appellerons THST, traitement hormonal substitutif par la testostérone.
Le traitement par la testostérone ne semble pas augmenter les risques d’accidents cardiovasculaires ni entraîner de perturbations des lipides sanguins mais il augmente le nombre de globules rouges et l’hématocrite par stimulation de l’érythropoïèse, ce qui peut, dans certains cas, accroître le risque de thromboses du fait de l’augmentation de la viscosité sanguine.
Les relations entre la testostérone et l’hypertrophie bénigne de la prostate et le cancer de la prostate sont complexes. L’administration de testostérone à des malades présentant une hypertrophie de la prostate augmente le volume de la prostate sans majorer les troubles urinaires. Le fait que la suppression de la sécrétion de testostérone ou l’inhibition de ses effets fasse partie du traitement du cancer de la prostate laisse supposer qu’un apport de testostérone exogène puisse favoriser le développement d’un cancer ou faire flamber des cellules cancéreuses dormantes. Cependant les choses ne sont pas aussi simples puisqu’il n’y a pas de relations claires entre des concentrations élevées de testostérone et l’apparition d’un cancer de la prostate. Mais dans le doute, prudence !
Par ailleurs le THST pourrait aggraver les apnées du sommeil.
Si l’on envisage de prescrire de la testostérone à un homme âgé (défini par l’un des auteurs comme ayant plus de 65 ans) il faut s’assurer par des dosages hormonaux qu’il a véritablement un déficit en testostérone, examiner la prostate, demander des dosages de PSA, faire une numération sanguine avec hématocrite. Pendant le traitement il faut maintenir une surveillance rigoureuse.
Enfin savoir que les améliorations cliniques apportées par un THST chez les hommes âgés ne sont pas toujours évidentes, le vieillissement comporte l’usure de diverses pièces et la réparation de l’une d’elles n’assure pas nécessairement un bon fonctionnement de la machine…
Un des articles se termine par l’interrogation suivante : Que doit-on faire en attendant qu’une évidence (en faveur ou contre le THST chez les hommes âgés) n’apparaisse ? Il ne donne pas de réponse mais les deux articles analysés n’incitent pas à une large prescription du THST chez les hommes âgés.
Pour en savoir plus sur les hormones mâles, voir Androgènes