Dans un article publié d’abord "on line", en avance sur la publication papier qui vient de paraître dans le numéro 19 daté du 6 novembre 2003 du New England Journal of Medicine
les auteurs rapportent les résultats d’une étude du létrozole contre placebo dans la prévention de rechutes du cancer du sein chez des femmes ménopausées ayant déjà eu 5 années de traitement par tamoxifène.
Il a été montré que l’administration de tamoxifène pendant les 5 ans qui suivent le traitement curatif du cancer du sein réduisait le risque de rechutes d’environ 50 %. Cependant, si le traitement par tamoxifène était prolongé au-delà de 5 ans, les résultats se détérioraient, d’où la règle de ne pas le prolonger au-delà de 5 ans. Le but de l’étude analysée est de voir si le relais du tamoxifène par le létrozole à la dose de 2,5 mg par jour, soit 1 comprimé par jour, a des effets bénéfiques.
Résultats : Dans le groupe létrozole, la récurrence des cancers, localement ou à distance sous forme de métastases, a été réduite d’environ 40% avec p inférieur à 0,001, et l’étude qui devait durer 5 ans a été arrêtée au bout de 2,5 ans en raison de ce résultat. La mortalité totale, toutes causes confondues, a été réduite dans le groupe letrozole par rapport au placebo mais pas d’une manière statistiquement significative, p = 0,25. Certains effets indésirables, bouffées de chaleur, arthralgies, myalgies et ostéoporose ont été plus fréquents dans le groupe létrozole que dans le groupe placebo.
Dans le même numéro du NEJM, deux commentaires (ici et la) de la précédente étude reconnaissent l’efficacité du létrozole sur l’évolution du cancer du sein mais soulignent quelques points faibles comme la non significativité statistique de la réduction de la mortalité totale et regrettent l’arrêt prématuré de cette étude (bien que cet arrêt ait été initialement prévu dans le protocole) empêchant de cerner certains effets indésirables et d’apprécier les effets d’un traitement plus prolongé.
Le fait que le tamoxifène, dans cette indication, donne des résultats favorables pendant les 5 premières années de son administration mais pas si celle-ci se prolonge au-delà doit inciter à une certaine circonspection sur la durée optimale d’un traitement.