Après les 835 voici les 617.
Par arrêté du 18 avril 2003, 617 médicaments voient leur taux de remboursement diminuer de 65 à 35 %.
Par communiqué daté du 22 avril 2003, le Ministère indique les origines et les circonstances de l’établissement de la liste de médicaments retenus et souligne le sérieux du travail effectué.
Cette liste de 617 médicaments, classés par ordre alphabétique de dénomination commerciale, est disparate, en dehors des antihistaminiques qui y sont tous, et il est quasi impossible d’en donner une vue synthétique et de trouver les critères qui ont conduit à son établissement, car ils sont multiples et différents d’un cas à l’autre.
Comme l’objectif final de cet arrêté est "l’équilibre des comptes de l’Assurance maladie", c’est à dire la réduction des dépenses de la SS, il est nécessaire de regarder les prix d’un certain nombre de ces médicaments faisant l’objet du déremboursement.
Les antihistaminiques, les "nouveaux" comme les "anciens", sont placés sur cette liste, sans que l’on sache si c’est pour un SMR insuffisant ou en raison de leur indications. Le prix des "nouveaux" Aerius*, Virlix*, Zyrtec*, Clarityne*, Primalan* et Telfast*, se situe autour de 7 € la boîte de 15 comprimés soit 45 F, ce qui ne les classe pas parmi les médicaments les plus coûteux. Le prix des "anciens" est vraiment bas, par exemple : Phénergan* la boite de 20 comprimés à 25 mg, à 1,28 €, Théralène*, 1,78 € les 50 comprimés, Polaramine* à 1,48 €, les 30 comprimés ! Il faut rappeler que les antihistaminiques qui paraissaient dangereux ont été retirés du commerce au cours des dernières années.
En ce qui concerne les anti-inflammatoires non stéroïdiens : les formes orales ne subissent pas de déremboursement, seules sont concernées les formes injectables et les formes suppositoires. Ainsi le Voltarène injectable qui coûte 1 € l’ampoule est sur la liste.
L’Haldol* 1 mg , mais pas les autres présentations plus dosées du même produit l’halopéridol, n’est plus remboursé à 65 % mais à 35 %, alors que même à dose faible il reste un neuroleptique. Une boite de 40 comprimés d’Haldol* coûte 1,77 €. Autre neuroleptique, le Nozinan* 2 mg est aussi déremboursé, il coûte 3,70 € les 50 comprimés !
Le prix du Gaviscon* et d’autres médicaments anciens à visée digestive placés sur la liste se situe autour de 3 à 4 € la boite ou le flacon.
D’autres médicaments de la liste comme le Dolosal ne sont plus commercialisés aujourd’hui . Certains autres que les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas jugé utile d’insérer dans le Dictionnaire Vidal 2003 vont sans doute disparaître tranquillement. Le déremboursement du Kelocyanor* qui n’a qu’une seule indication, le traitement d’extrême urgence des intoxications aiguës au cyanure et a donc une utilisation très limitée, n’aura qu’une faible incidence d’autant que son prix n’est que de 23 € les 6 ampoules injectables… et l’on se demande pourquoi il est sur celle liste ?
Enfin, le nombre réel de médicaments de la liste est plus faible qu’il ne paraît en raison de la multiplicité de certains génériques. Ainsi trimétazidine, éconazole et bétahistine font 80 médicaments. La trimétazidine, 25 fois nommée dans la liste de l’arrêté, sans compter le Vastarel*, l’éconazole 24 fois, sans compter le Pévaryl*, et la bétahistine, 22 fois, sans compter le Serc* et quelques autres, autrement dit 3 produits actifs font environ 80 spécialités pharmaceutiques de la liste de l’arrêté. Il y a également 10 tétrazépam, autant de calcitonine et d’autres. De plus chaque présentation pharmaceutique d’une même spécialité compte dans la liste de l’arrêté pour un médicament : il y a par exemple 5 présentations de Primpéran et plusieurs autres de métoclopramide
N’ayant pas connaissance de l’évaluation des conséquences financières attendues de cet arrêté faite par les autorités à partir du prix et de la consommation actuelle des médicaments de la liste, on ne peut que faire des remarques et penser que, compte tenu notamment des prix relativement modiques des médicaments retenus, l’incidence de la réduction de leur remboursement sera assez faible pour les malades et les mutuelles mais aussi pour la SS…
Si l’on considérait que cette baisse du taux de remboursement de médicaments, pour la plupart anciens, comme une incitation à prescrire des médicaments récents remboursés au taux de 65 %, alors les conséquences financières pourraient être différentes, mais certainement pas positives, ni pour les malades, ni les mutuelles, ni la SS ! Par exemple en prescrivant à la place de l’Haldol*, du Risperdal* 1 mg dont la boite de 60 comprimés coûte 41,63 €. Ou encore en prescrivant d’emblée pour le traitement de tout trouble digestif évoquant un reflux gastro-oesophagien un inhibiteur de la pompe à protons, type Inexium* à 49,19 € les 28 comprimés de 40 mg.
Le problème du déficit de la SS, en ne considérant que le médicament même s’il n’est pas le seul en cause, est évidemment d’une extrême difficulté et sans solution miracle. Pourra t-on connaître les conséquences financières de l’arrêté du 18 avril 2003 ? Je ne le crois pas, sauf pour les antihistaminiques (à condition qu’ils ne soient pas remplacés par des corticoïdes !), car pour les autres médicaments de la liste il y a beaucoup de possibilités de remplacement.