Le traitement hormonal substitutif de la ménopause, THS, par une association estro-progestative a été suspecté au cours de l’année 2002 d’augmenter le risque de cancer du sein et d’accidents cardiovasculaires (accidents coronariens, accidents cardiovasculaires cérébraux, embolie pulmonaire…). Le THS réduisait faiblement le risque de fractures par ostéoporose et de cancer du colon. Les dangers du THS semblaient toutefois plus importants que les bénéfices et des restrictions à sa prescription ont été proposées.
Voir : Le traitement hormonal substitutif de la ménopause. Turbulences.
Mais il restait une grande inconnue : le THS améliorait-il suffisamment la vie des femmes ménopausées, leur entrain, leur sexualité, leur humeur, leur vivacité, leur mémoire (quality of life) pour éventuellement justifier la prise de certains risques ?
La réponse ou une réponse à cette question vient de tomber. Elle va paraître dans le New England Journal of Medicine du 8 mai 2003, numéro 19, mais le NEJM a considéré les résultats de l’étude WHI (Women’s Health Initiative) comme suffisamment importants sur le plan thérapeutique pour mériter une diffusion électronique anticipée à ses abonnés. Le titre de l’article est : "Effects of estrogen plus progestin on health-related quality of life" et le premier auteur est Jennifer Hays. Un autre article intitulé "Postmenopausal hormones therapy for symptoms only" de Deborah Grady commente les résultats de Jennifer Hays.
Les résultats de l’étude WHI, effectuée sur des femmes de 50 à 79 ans, moyenne 63 ans, sans symptômes marqués de la ménopause, sont assez clairs : le THS n’a pas été supérieur au placebo sur les critères de qualité de vie analysés (sexualité, humeur, mémoire etc). Une supériorité du THS sur le placebo a été observée sur le sommeil mais cette amélioration était extrêmement faible et transitoire. Par ailleurs il y a eu plus de femmes à sortir spontanément de l’étude dans le groupe THS que dans le groupe placebo.
Au total les raisons de prescrire ou de poursuivre un THS de la ménopause s’amenuisent considérablement. Comme le souligne Deborah Grady dans son commentaire, la prescription d’un estro-progestatif dans le cadre de la ménopause devrait être réservée au traitement curatif de courte durée des troubles vasomoteurs, bouffées de chaleur, en début de ménopause.
Et pourtant il paraissait si naturel de remplacer les hormones manquantes ! Une phrase d’une lettre d’un anglais au Lancet me vient à l’esprit, je la livre à votre réflexion : "Si les chauves font plus d’accidents (il s’agissait d’accidents cardiovasculaires) que les autres, il faut leur prescrire des perruques".
D’abord il faudrait comparer ce qui est comparable. Laisser aux américains la responsabilité de leurs statistiques sur des produits que nous n’utilisons PAS .
Si le traitement par hormone naturelle était si catastrophique que cela, il faudrait castrer les femmes dès leur puberté . Un peu de bon sens ne nous ferait pas de mal !!!
Dr Rame Mireille Gynécologue !! et utilisatrice depuis 19 ans !!!
Merci de votre réaction. D’autres doivent avoir la même et je souhaiterais que vous ayez raison. Mais nous sommes à l’heure des « vérités » démontrées par de grandes études et pour le moment, en matère de THS à long terme, celles qui l’emportent ne sont pas en leur faveur. Et ceci en dépit du fait que ces études aient été lancées par des gens qui étaient persuadés qu’elles donneraient des résultats favorables!
Peut-être qu’avec d’autres produits que ceux des études américaines et dans des indications plus ciblées on aura des résultats favorables… mais en attendant et les études durent longtemps… prudence!