L’étude intitulée "Avantages et inconvénients d’une association estroprogestative chez des femmes ménopausées bien portantes" a été largement commentée, y compris par la presse financière car elle a eu des répercussions boursières. L’association estroprogestative utilisée dans cette étude (Prempro*) comportait comme estrogène le mélange d’estrogènes sulfoconjugués d’origine équine et non de l’estradiol et comme progestatif de la médroxyprogestérone. L’étude, menée chez des femmes âgées de 50 à 79 ans, a été interrompue au bout de 5 ans alors qu’elle devait durer 8,5 ans parce que dans le groupe traité, par rapport au groupe placebo, on a observé une augmentation de 26 % des cancers du sein ainsi qu’une augmentation des accidents cardiovasculaires et des accidents vasculaires cérébraux. Cette augmentation a été nette à partir de la deuxième année de traitement par Prempro*. A l’opposé, une diminution des cancers colorectaux et des fractures de hanche a été observée dans le groupe traité.
Commentaires
Les journaux financiers sont presque toujours les premiers à rapporter les résultats d’études de médicaments dans la mesure où ils font baisser ou monter la cotation des laboratoires en bourse.
Il faut souligner que l’estrogène présent dans Prempro* est, en fait, un mélange complexe d’une dizaine de produits à activité estrogène, extrait d’urine de jument gravide. Même si ce produit est très largement utilisé aux USA, il me semble qu’il aurait été préférable de choisir l’estradiol, l’hormone physiologique, surtout en association avec un progestatif, de préférence à une préparation complexe comme les estrogènes conjugués. Si les résultats de l’étude analysée avaient été positifs, le laboratoire aurait pu souligner l’originalité " de son "estrogène". Maintenant qu’ils sont négatifs cette "originalité " peut aussi être soulignée.
La poursuite d’un traitement par Prempro*, et bien sûr sa prescription à des femmes ménopausées, est déconseillée, mais comme la spécialité Prempro* n’est pas commercialisée en France ni, semble t-il,dans d’autres pays d’Europe, le nombre de femmes concernées y est très faible. La question qui se pose est de savoir dans quelle mesure, dans le cadre du traitement hormonal substitutif de la ménopause, les restrictions de prescription de Prempro* doivent être étendues l’estradiol et à la progestérone, y compris aux préparations à administration transdermique .
Pour le moment, une certaine prudence dans la prescription d’un traitement hormonal substitutif de la ménopause est nécessaire. Il faut considérer notamment les raisons justifiant la prescription et sa durée.
Voir la position de l’AFSSAPS à ce sujet.
Remarques :
Les résultats concernant la contraception estroprogestative sont plus rassurants, voir Pilule estroprogestative et cancer du sein.
Les estrogènes conjugués seuls, non associés à un progestatif, sont commercialisés en France et dans de nombreux pays, sous le nom de Prémarin*
Pour informations générales, voir Associations estroprogestatives.
Voir la mise à jour du 21 Mars 2003 : THS, Traitement Hormonal Substitutif de la ménopause, Suite
Bonjour!
J’aimerais savoir où en est rendu la science face aux contraceptifs oraux et à l’ostéoporose. Est-ce que les anovulants contribueraient à la diminution de la densité osseuse lors de la ménopause?
Merci beaucoup!
Pour tenter de répondre à votre question concernant les contraceptifs et la densité osseuse, je me suis reporté au « Martindale, 33ème édition, 2002, The complete Drug Reference ». D’après cet ouvrage, page 1456, qui cite 6 références, la pilule estroprogestative, de loin la plus utilisée, n’aurait pas d’effet délétère sur la densité osseuse mais plutôt un effet bénéfique. Par contre les contraceptifs à base de progestatifs seuls, non combinés, diminueraient faiblement la densité osseuse. Il semble toutefois, jusqu’à preuve du contraire, que ces effets positifs ou négatifs, auraient peu de conséquences cliniques.
Par ailleurs je signale la parution d’un article dans le Lancet du 21 septembre 2002 http://pdf.thelancet.com/pdfdownload?uid=llan.360.9337.editorial_and_review.22555.1&x=x.pdf
qui fait le point sur le traitement hormonal substitutif de la ménopause. Ce traitement augmente le risque de cancer du sein et d’accidents vasculaires en particulier d’embolies pulmonaires mais diminue le risque de cancer de l’endomètre (sauf si l’estrogène est utilisé seul) et de cancer colorectal ainsi que celui de fracture du col du fémur. Toutefois les effets positifs ne compensent pas les effets négatifs. De plus le risque de maladie coronaire n’est pas diminué par le traitement hormonal substitutif.
Compte-tenu des diverses modalités de traitement substitutif, estrogène seul, estrogène + progestatif, posologies et voies d’administration différentes etc., retenir de ces études une position unique est certainement simpliste. Mais il faut reconnaître que le bilan actuel n’apparaît pas en faveur du traitement hormonal substitutif systématique de la ménopause tel qu’on a pu l’envisager, ce qui ne signifie pas qu’il faut l’exclure pour traiter certaines manifestations de la ménopause.